Audiorecording of Charles Baudelaire's poem "Spleen - Je suis comme le roi d'un pays pluvieux", extract from the "Fleurs du Mal", interpreted by ValĂ©ry Stasser, recorded & mixed by Matthieu Van Dyck and produced by the Thalie EnvolĂ©e project ( Spleen- Je suis comme le roi. Je suis comme le roi d’un pays pluvieux, Riche, mais impuissant, jeune et pourtant trĂšs vieux, Qui, de ses prĂ©cepteurs mĂ©prisant les courbettes, S’ennuie avec ses chiens comme avec d’autres bĂȘtes. Rien ne peut l’égayer, ni gibier, ni faucon, Ni son peuple mourant en face du balcon. Du bouffon favori la grotesque ballade Ne distrait NotĂ©/5. Retrouvez le roi d un pays pluvieux et des millions de livres en stock sur Amazon.fr. Achetez neuf ou d'occasion Jesuis comme le roi d'un pays pluvieux, Riche, mais impuissant, jeune et pourtant trĂšs vieux, Qui, de ses prĂ©cepteurs mĂ©prisant les courbettes, S'ennuie avec ses chiens comme avec d'autres bĂȘtes. Rien ne peut l'Ă©gayer, ni gibier, ni faucon, Ni son p Jele lui jeterai par terre avec dĂ©dain ! » Vers le Ciel, oĂč son Ɠil voit un trĂŽne splendide, Le PoĂšte serein lĂšve ses bras pieux, Et les vastes Ă©clairs de son esprit lucide Lui dĂ©robent l’aspect des peuples furieux : — « Soyez bĂ©ni, mon Dieu, qui donnez la souffrance Comme un divin remĂšde Ă  Jesuis comme le roi d'un pays pluvieux, Riche, mais impuissant, jeune et pourtant trĂšs vieux, Qui de ces percepteurs mĂ©prisant les courbettes. S'ennuie avec ses chiens comme avec d'autres bĂȘtes. Rien ne peut l'Ă©gailler, ni gibier, ni faucon. Ni son peuple mourant en face du balcon. ( Baudelaire ) CorrigĂ©. 1. Comparant initial = le roi LZ8Nz2n. Charles Baudelaire Avec la parution de ses Fleurs du Mal, en 1857, Baudelaire Ă©cope d'un procĂšs pour atteinte aux bonnes mƓurs. Il sera condamnĂ© Ă  payer une amende de 300 francs et contraint de retirer six ... [+] Je suis comme le roi d’un pays pluvieux,Riche, mais impuissant, jeune et pourtant trĂšs-vieux,Qui, de ses prĂ©cepteurs mĂ©prisant les courbettes,S’ennuie avec ses chiens comme avec d’autres ne peut l’égayer, ni gibier, ni faucon,Ni son peuple mourant en face du bouffon favori la grotesque balladeNe distrait plus le front de ce cruel malade ;Son lit fleurdelisĂ© se transforme en tombeau,Et les dames d’atour, pour qui tout prince est beau,Ne savent plus trouver d’impudique toilettePour tirer un souris de ce jeune savant qui lui fait de l’or n’a jamais puDe son ĂȘtre extirper l’élĂ©ment corrompu,Et dans ces bains de sang qui des Romains nous viennent,Et dont sur leurs vieux jours les puissants se souviennent,Il n’a su rĂ©chauffer ce cadavre hĂ©bĂ©tĂ©OĂč coule au lieu de sang l’eau verte du LĂ©thĂ©. Temps de lec­ture < 1 minuteJe suis comme le roi d’un pays plu­vieux,Riche, mais impuis­sant, jeune et pour­tant trĂšs-vieux,Qui, de ses pré­cep­teurs mĂ©pri­sant les cour­bettes,S’ennuie avec ses chiens comme avec d’autres ne peut l’é­gayer, ni gibier, ni fau­con,Ni son peuple mou­rant en face du bal­ bouf­fon favo­ri la gro­tesque bal­ladeNe dis­trait plus le front de ce cruel malade ;Son lit fleur­de­li­sĂ© se trans­forme en tom­beau,Et les dames d’a­tour, pour qui tout prince est beau,Ne savent plus trou­ver d’im­pu­dique toi­lettePour tirer un sou­ris de ce jeune sque­ savant qui lui fait de l’or n’a jamais puDe son ĂȘtre extir­per l’élé­ment cor­rom­pu,Et dans ces bains de sang qui des Romains nous viennent,Et dont sur leurs vieux jours les puis­sants se sou­viennent,Il n’a su rĂ©chauf­fer ce cadavre hĂ©bé­tĂ©OĂč coule au lieu de sang l’eau verte du LĂ©thĂ©. Read more articles Le texte sa forme et son titre Lisez l'analyse de la nouvelle de Baudelaire pour vous amĂ©liorer en français ! BohĂ©miens en Voyage La tribu prophĂ©tique aux prunelles ardentes Hier s'est mise en route, emportant ses petits Sur son dos, ou livrant Ă  leurs fiers appĂ©tits Le trĂ©sor toujours prĂȘt des mamelles pendantes. Les hommes vont Ă  pied sous leurs armes luisantes Le long des chariots oĂč les leurs sont blottis, Promenant sur le ciel des yeux appesantis Par le morne regret des chimĂšres absentes. Du fond de son rĂ©duit sablonneux, le grillon, Les regardant passer, redouble sa chanson; CybĂšle, qui les aime, augmente ses verdures, Fait couler le rocher et fleurir le dĂ©sert Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert L'empire familier des tĂ©nĂšbres futures. PrĂ©sentation 13Ăšme piĂšce du recueil Les Fleurs du mal dans les trois Ă©ditions 1857, 1861 et 1868, incluse dans la 1Ăšre partie de l'ouvrage Spleen et IdĂ©al. Forme Sonnet poĂšme Ă  forme fixe de type italien dit aussi sonnet marotique du nom du poĂšte ClĂ©ment Marot 1496-1544 qui utilisa le premier en France cette forme poĂ©tique. Ce sonnet est composĂ© de deux quatrains et de deux tercets, avec une structure de type ABBA ABBA CCD EED. Les rimes A, C et D sont fĂ©minines, les rimes B et D sont masculines. Un genre contraignant Parce que la forme est contraignante, l'idĂ©e jaillit plus intense. Tout va bien au sonnet ; la bouffonnerie, la galanterie, la passion, la rĂȘverie, la mĂ©ditation mĂ©taphysique. Il y a lĂ  la beautĂ© du mĂ©tal et du minĂ©ral bien travaillĂ©s. Avez-vous observĂ© qu'un morceau de ciel, aperçu par un soupirail ou entre deux cheminĂ©es, deux roches, ou par une arcade, donnait une idĂ©e plus profonde de l'infini que le grand panorama vu du haut d'une montagne ? Baudelaire - Lettre Ă  Armand Fraisse du 19 fĂ©vrier 1866, publiĂ©e dans la Revue du monde latin du 25 janvier 1884. Et pour faire des sonnets aussi beaux que ceux de Baudelaire Raymond Queneau 1903-1976 et ses 100 mille milliards de poĂšmes, un bijou de la littĂ©rature oulipienne voir ce mot et un ouvrage interactif, comme on dit aujourd'hui. Qui sont ces bohĂ©miens ? LittrĂ© 1801-1881 les dĂ©finissait ainsi Nom de bandes vagabondes, sans domicile fixe, sans mĂ©tier rĂ©gulier, et se mĂȘlant souvent de dire la bonne aventure. DĂ©finition Ă  peu prĂšs semblable dans L'EncyclopĂ©die de Diderot et d'Alembert C'est ainsi qu'on appelle des vagabonds qui font profession de dire la bonne aventure, Ă  l'inspection des mains. Leur talent est de chanter, danser, et voler. Ce nom vient de la croyance que l'on avait autrefois que ces nomades venaient du royaume de BohĂȘme, en Europe centrale. Il n'en Ă©tait rien, mais leur origine mystĂ©rieuse alimentait les superstitions, les fantasmes, les mĂ©fiances et les rejets c'est encore vrai aujourd'hui. On a Ă©galement pensĂ© que les bohĂ©miens venaient d'Egypte, on les appelait souvent des Égyptiens, initiĂ©s Ă  tous les sortilĂšges de l'ancienne Égypte "L'Égyptienne sacrilĂšge, M'attirant derriĂšre un pilier, M'a dit hier Dieu nous protĂšge ! Qu'Ă  la fanfare du cortĂšge Il manquerait un timbalier". Victor Hugo - Odes et ballades - "La fiancĂ©e du timbalier". Dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo 1802-1885, la bohĂ©mienne EsmĂ©ralda est souvent appelĂ©e l'Égyptienne, sauterelle d'Égypte. On notera que le mot bohĂ©mien a donnĂ© naissance au mot bohĂšme attention Ă  l'accent la BohĂȘme, accent circonflexe, ancien royaume d'Europe centrale aujourd'hui partie de la RĂ©publique TchĂšque, et la bohĂšme, accent grave, une façon de vivre sans rĂšgles et sans projets, au jour le jour, une vie de patachon, la vie d'artiste, en quelque sorte. Lire Ă  ce sujet les ScĂšnes de la vie de bohĂšme de Henri Murger 1822-1861, Ă©couter La BohĂšme, l'opĂ©ra qu'en a tirĂ© le compositeur Giacomo Puccini 1858-1924 et la chanson de Charles Aznavour La BohĂšme, mais je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaĂźtre... Bon, revenons Ă  notre sujet Romanichels, Égyptiens, Zingaris, quel que soit le nom qu'on leur donnait, ils Ă©taient craints et persĂ©cutĂ©s, car ils avaient la rĂ©putation de vivre de mendicitĂ© et de rapines, de n'ĂȘtre pas baptisĂ©s ce qui avait une grande importance autrefois, d'ĂȘtre un peu sorciers et de prĂ©dire - donc de connaĂźtre - l'avenir. Mais s'ils inspiraient la mĂ©fiance ou l'inquiĂ©tude, leur mode de vie marginal et leur libertĂ© rebelle n'Ă©taient pas sans susciter une certaine fascination. On pourra Ă©voquer la chanson de BĂ©ranger 1780-1857. L'expression Reste immonde d'un ancien monde indique assez le rejet, voire la rĂ©pulsion que suscitaient ces bohĂ©miens "Sorciers, bateleurs ou filous, Reste immonde D'un ancien monde, Sorciers, bateleurs ou filous, Gais bohĂ©miens, d'oĂč venez-vous ? D'oĂč nous venons ? L'on n'en sait rien. L'hirondelle D'oĂč nous vient-elle ? D'oĂč nous venons ? L'on n'en sait rien. OĂč nous irons, le sait-on bien ?" D'aprĂšs le peintre Émile Bernard 1868-1941, le poĂšme BohĂ©miens en voyage aurait Ă©tĂ© inspirĂ© par une gravure de Jacques Callot 1592-1635 intitulĂ©e BohĂ©miens en marche. OĂč trouver des cours de français pour Ă©tudier l'oeuvre ? 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C'est une organisation sociale de forme primitive ce point est contestĂ© par certains ethnologues qui a son histoire, souvent trĂšs ancienne, ses racines, ses traditions, ses valeurs, sa hiĂ©rarchie, ses rĂšgles et ses lois. On ne peut s'y intĂ©grer qu'au prix d'une longue initiation. On en fait partie ou l'on n'en fait pas partie. Le vocable exclut de fait le lecteur. Il ne fait pas partie de cette tribu, il ne peut que la regarder et essayer d'en percer les mystĂšres. ProphĂ©tique cela tombe sous le sens. Le prophĂšte est celui qui prĂ©dit l'avenir, non pas parce qu'il le devine, mais parce qu'il est inspirĂ© par Dieu ...ou par le diable. Aux prunelles ardentes Vous ĂȘtes trop jeunes pour avoir entendu cette rengaine de Tino Rossi "BohĂ©mienne aux grands yeux noirs Tes cheveux couleur du soir Et l'Ă©clat de ta peau brune Sont plus beaux qu'un clair de lune". Rassurez-vous, vous n'avez pas perdu grand-chose... C'Ă©tait pour rire. On peut Ă©galement Ă©couter la chanson traditionnelle russe Les yeux noirs, basĂ©e sur une mĂ©lodie traditionnelle tsigane "Des yeux noirs, des yeux pleins de passion ! Des yeux ravageurs et sublimes ! Comme je vous aime, comme j'ai peur de vous ! Je sais, je vous ai vus, pas au bon moment !" OĂč trouver des cours de français lyon ? Il faut prendre le mot ardent dans le sens de brĂ»lant, incandescent, des yeux de braise. Les bohĂ©miens sont des sorciers, leurs yeux voient plus loin que ceux du commun des mortels. Ils ont des pouvoirs redoutables, ils ont le don de double vue, ils jettent des mauvais sorts, par le mauvais Ɠil. Pour les gens superstitieux, il y a danger Ă  regarder un sorcier dans les yeux. Moi-mĂȘme, je fais trĂšs attention de ne jamais regarder en face la gardienne de mon immeuble, qui est une vraie sorciĂšre... Et dans l'imagerie du Moyen Âge, le diable a les yeux entiĂšrement noirs et ardents. Hier s'est mise en route ce hier a son importance. D'ailleurs tous les mots ont leur importance. Pourquoi hier ? On ne sait pas. Le villageois a vu s'installer un campement de nomades dans un champ voisin, il ignore d'oĂč ils sont venus. Et puis un jour, ils sont partis. Pourquoi ce jour-lĂ  prĂ©cisĂ©ment ? On peut penser que ce n'est pas le hasard, qu'il y a une raison secrĂšte qu'on ignore, une conjonction de planĂštes, ou une sorte d'instinct comme en possĂšdent certains animaux qui connaissent exactement le jour oĂč ils doivent se reproduire, migrer ou hiberner, ou encore, pourquoi pas, une injonction venue d'ailleurs. Se mettre en route, c'est partir, certes, mais pas d'une maniĂšre prĂ©cipitĂ©e. Cela implique une certaine lenteur, des prĂ©paratifs, on pourrait dire un cĂ©rĂ©monial. Ce n'est pas une fuite, c'est un dĂ©part prĂ©mĂ©ditĂ©. Pourquoi hier ? Pour le villageois qui ne fait pas partie de la tribu, cela restera un mystĂšre. Emportant ses petits / Sur son dos en Occident, oĂč il est trĂšs peu pratiquĂ©, l'usage de porter les enfants sur le dos est considĂ©rĂ© comme exotique, africain, arabe ou indien. Il faut relever l'enjambement rejet d'un membre de phrase au vers suivant, il n'est pas fortuit. Notons Ă©galement la curieuse construction de la phrase La tribu s'est mise en route emportant ses petits sur son dos. Sur le dos de qui ? Grammaticalement, c'est sur le dos de la tribu. On pouvait comprendre les prunelles ardentes de la tribu synecdoque rĂ©fĂ©rentielle, voir ce mot et s'empresser de l'oublier, ces accumulations de termes de rhĂ©torique n'ont strictement aucun intĂ©rĂȘt, mais le dos, c'est dĂ©jĂ  plus difficile. Une tribu n'a pas de dos... Ou bien elle en a plusieurs. Ici, ce ne sont pas les mĂšres qui emportent leurs petits, car leurs enfants ne leur appartiennent pas vraiment. Ils sont d'abord Ă  la tribu, Ă  la communautĂ©, et cette communautĂ© est personnifiĂ©e ou animalisĂ©e, elle prend l'apparence d'une femme ou d'une femelle. Le mot mamelles Ă©voque ici clairement les animaux, mĂȘme si, sĂ©mantiquement, le sein n'est pas la mamelle. Baudelaire emploie toujours le mot sein pour dĂ©signer la mamelle de la femme. Les mamelle pendantes suggĂšrent de nombreuses maternitĂ©s, donc un Ăąge avancĂ© eh oui ! Avec l'Ăąge, ça dĂ©gringole, ne rigolez pas, les filles ! Vous verrez ! L'expression ses petits pouvait Ă©galement annoncer cette analogie avec les animaux le mot petit s'utilise pour les humains et pour les animaux, mais plus souvent pour les animaux. Pour les humains, on dirait plutĂŽt ses enfants. On relĂšvera Ă©videmment l'opposition entre le mot trĂ©sor et l'expression mamelles pendantes. Jolie pĂ©riphrase pour dĂ©signer le lait maternel. Relevons Ă©galement le contraste, l'opposition entre les deux premiers vers du 1er quatrain et les deux derniers. La tribu prophĂ©tique aux prunelles ardentes hier s'est mise en route emportant ses petits, il y a lĂ  quelque chose de grand, de solennel, de biblique, d'un peu théùtral, emphatique, pompeux mĂȘme. Mais l'enjambement sur son dos fait basculer dans le prosaĂŻque. Force est de constater qu'il y a l'idĂ©al et la rĂ©alitĂ©... MĂȘme si l'on est prophĂšte, il faut bien porter les mioches d'une façon ou d'une autre, les nourrir avec des mamelles qui en ont dĂ©jĂ  allaitĂ©s beaucoup, et les torcher ! DerriĂšre la noblesse de la tribu prophĂ©tique, il y a la misĂšre des chariots branlants et de l'errance. Nous la devinons, mĂȘme si Baudelaire ne nous la dĂ©crit pas de façon explicite. Enfin, il convient de relever la phonĂ©tique des deux premiers vers et l'utilisation des sonoritĂ©s [TR], [BR] et [R], vous chercherez les termes exacts dans les manuels, entre les occlusives labiales, dentales, mouillĂ©es et autres, j'ai horreur de ces jargons autant que des accumulations de termes de rhĂ©torique, oxymore, mĂ©tonymie, synecdoque, fatras prĂ©tentieux et pĂ©dant qui trop souvent masque l'indigence de la rĂ©flexion sous un vernis d'Ă©rudition mal assimilĂ©e. Qu'il suffise de dire que les sonoritĂ©s [BR], [TR], [R] grincent, craquent et roulent d'ailleurs, ne dit-on pas rouler les R comme les pesants chariots qui s'Ă©branlent. À la rigueur, on pourra parler d'harmonie imitative... Le deuxiĂšme quatrain recadre la scĂšne. En terme cinĂ©matographique, on parlerait d'un zoom. Dans le langage scolaire en usage aujourd'hui, on parlera d'une focalisation. Cet effet est encore renforcĂ© par l'utilisation du prĂ©sent de l'indicatif car si la tribu s'est mise en route hier, il aurait Ă©tĂ© logique d'Ă©crire les hommes allaient Ă  pied. Enfin, par un effet de grossissement, nous distinguons quelques-uns des individus qui forment cette entitĂ© qu'est la tribu. Les bohĂ©miens cessent d'ĂȘtre une masse confuse, nous en discernons des dĂ©tails. Les hommes, qui marchent sous leurs armes luisantes. Ces armes ne sont pas identifiĂ©es, on les devine mĂ©talliques puisqu'elles sont luisantes, on ignore leur usage agresser ou se dĂ©fendre, mais elles confĂšrent Ă  la tribu un aspect plus redoutable, plus organisĂ© et plus farouche qu'une simple bande de vagabonds. Ces bohĂ©miens ne forment pas un troupeau, mais une troupe. Quant aux femmes, aux enfants, aux vieillards, nous ne les voyons pas, nous pouvons seulement les imaginer Ă  l'abri, blottis dans les chariots. Il faut noter tout particuliĂšrement les deux superbes vers "Promenant sur le ciel des yeux appesantis Par le morne regret des chimĂšres absentes". Les chimĂšre, ce sont les rĂȘves, les imaginations. Ce sont les images que nous nous faisons de l'avenir, les projets plus ou moins rĂ©alistes, les plans que nous tirons sur la comĂšte. Mais lorsque l'on connaĂźt cet avenir, on n'a plus de raison de rĂȘver, on n'a plus de raison d'imaginer. On sait. ConnaĂźtre l'avenir est Ă  la fois un grand pouvoir et une grande malĂ©diction. Celui qui voit le futur s'interdit les rĂȘves, les projets, il ne peut plus poursuivre de but, il ne peut plus construire ni espĂ©rer, car tout est Ă©crit d'avance. On pourra faire un parallĂšle avec le poĂšme Les aveugles, toujours dans les Fleurs du mal. Celui qui connaĂźt l'avenir est condamnĂ© Ă  la rĂ©signation, puisqu'il ne pourra rien changer du futur. Ces yeux appesantis sont des yeux rĂ©signĂ©s, sans rĂȘves et sans espĂ©rance. Le premier tercet nous propose un nouvel angle d'observation, une nouvelle focalisation. Les bohĂ©miens passent, et sur le bord du chemin, le grillon les salue en redoublant sa chanson. On est ici dans le registre de l'allĂ©gorie. Depuis la nuit des temps, les hommes - leurs semblables - les fuient, les chassent, les persĂ©cutent, mais depuis la nuit des temps, les bohĂ©miens connaissent le chant du grillon, ils sont les amis, les complices de la nature, ils vivent en osmose avec elle, ils y puisent leur subsistance et leurs pouvoirs, ils savent les plantes qui guĂ©rissent et celles qui tuent, les mouvements secrets des Ă©toiles, ils savent dĂ©chiffrer les symboles, les correspondances, la nature est un temple oĂč de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles... Le grillon dit domestique Acheta Domesticus est un insecte qui aime la chaleur, c'est la raison pour laquelle il n'hĂ©site pas Ă  se glisser dans les maisons par les conduits de cheminĂ©e. Dans les campagnes, autrefois, il avait la rĂ©putation de porter bonheur croyance chinoise Ă©galement, ce qui explique qu'on ne le chassait pas. Le grillon du foyer garantissait par son chant - ou plutĂŽt par son grĂ©sillement Ă©tymologie du nom de la bestiole, on disait autrefois un grĂ©sillon par son cri et par ses stridulations, la paix et la prospĂ©ritĂ© de la demeure lire le conte de NoĂ«l Le grillon du foyer - Histoire fantastique d'un intĂ©rieur domestique de Charles Dickens 1812-1866 publiĂ© en 1845. Par l'Ă©vocation de ce grillon, insecte symboliquement liĂ© Ă  l'intĂ©rieur, au foyer, - Souvenir sonore / Des vieilles maisons, Ă©crivait Lamartine 1790-1869 dans les Harmonies poĂ©tiques et religieuses -, Baudelaire veut nous suggĂ©rer que les bohĂ©miens, plus que leur roulotte, ont la nature entiĂšre pour demeure. CybĂšle, la dĂ©esse phrygienne de la nature et de la fertilitĂ©, nous offre des variations paĂŻennes de miracles bibliques. C'est en effet dans la Bible Exode que MoĂŻse frappe le rocher d'Horeb de sa verge pour en faire jaillir de l'eau et abreuver son peuple. Toujours dans la Bible livre d'Ésaie, la seule approche de JĂ©hovah fait fleurir le dĂ©sert. Nul doute que ces rĂ©fĂ©rences n'aient Ă©tĂ© prĂ©sentes Ă  l'esprit de Baudelaire lorsqu'il a Ă©crit son vers. Cette confusion entre le monde biblique et le monde paĂŻen n'est d'ailleurs pas innocente. C'est l'ambiguĂŻtĂ© mĂȘme des croyances des bohĂ©miens, teintĂ©es de paganisme ainsi Sarah, mystĂ©rieuse vierge Ă  la peau noire, patronne des Gitans. On notera Ă©galement la confusion entre le monde moderne hier et le monde antique CybĂšle. Les bohĂ©miens sont intemporels, ils traversent les siĂšcles comme ils traversent les pays. On relĂšvera l'alchimie magistrale du dernier vers L'empire familier des tĂ©nĂšbres futures, superbe pĂ©riphrase pour dĂ©signer l'avenir. Empire familier pour le bohĂ©mien car, hĂ©las, pour le commun des mortels, les tĂ©nĂšbres du futur n'ont rien de familiĂšres, elles sont souvent effrayantes... OĂč trouver des cours francais paris pour Ă©tudier l'Ɠuvre ? La place de "BohĂ©miens en voyage" dans Les Fleurs du mal Baudelaire avait le Spleen et le racontait d'une maniĂšre trĂšs poĂ©tique. Baudelaire, dans son introduction Au lecteur, brosse un tableau assez sombre et dĂ©sespĂ©rĂ© de l'humanitĂ©, en proie Ă  tous les vices et Ă  tous les pĂ©chĂ©s, peuple de marionnettes actionnĂ©es par le Diable. Mais le pire de tous ces vices, celui qui surpasse l'envie, le pĂ©chĂ©, la lĂ©sine, et mĂȘme le crime que nous n'osons pas commettre par lĂąchetĂ©, c'est l'Ennui. Cet Ennui Baudelairien, le spleen, n'a pas grand-chose Ă  voir avec celui que nous pouvons Ă©prouver pendant les moments de dĂ©sƓuvrement. C'est un accablement total, un profond mal de vivre, ce que nous pourrions appeler aujourd'hui une forme de dĂ©pression nerveuse et qu'on nommait alors la mĂ©lancolie. "Je suis comme le roi d’un pays pluvieux, Riche, mais impuissant, jeune et pourtant trĂšs vieux, Qui, de ses prĂ©cepteurs mĂ©prisant les courbettes, S’ennuie avec ses chiens comme avec d’autres bĂȘtes". Les Fleurs du mal - LXXVII - Spleen Dans un ouvrage publiĂ© en 1897, le docteur Jacques Roubinovitch peignait ainsi les ravages de ce mal Le vrai mĂ©lancolique a complĂštement perdu la facultĂ© d'Ă©prouver des sensations qui puissent faire diversion Ă  son chagrin ; et il est persuadĂ© qu'il ne pourra jamais se dĂ©barrasser de sa douleur morale. Il n'entrevoit plus aucune solution favorable, il y a entre lui et le monde extĂ©rieur un vĂ©ritable mur contre lequel vient se briser toute espĂ©rance. Le compositeur Hector Berlioz 1803-1869 dĂ©crit Ă©galement dans ses MĂ©moires ce mal qu'il a lui-mĂȘme endurĂ© Il y a d’ailleurs deux espĂšces de spleen ; l’un est ironique, railleur, emportĂ©, violent, haineux ; l’autre, taciturne et sombre, ne demande que l’inaction, le silence, la solitude et le sommeil. A l’ĂȘtre qui en est possĂ©dĂ© tout devient indiffĂ©rent ; la ruine d’un monde saurait Ă  peine l’émouvoir. Je voudrais alors que la terre fĂ»t une bombe remplie de poudre, et j’y mettrais le feu pour m’amuser. Mal social, mal du siĂšcle, mal moral, mal mystique, tout autant physique que psychologique, pour Baudelaire, le spleen ne peut se combattre que par la quĂȘte de l'IdĂ©al, car toutes les diversions sont vaines, tant l'amour que l'ivresse ou les paradis artificiels. ExilĂ© sur la terre au milieu des huĂ©es, le poĂšte est frĂšre du bohĂ©mien, il se reconnaĂźt dans cet homme inadaptĂ© socialement, nomade dans un monde sĂ©dentaire, persĂ©cutĂ© et banni par ses semblables, voyageur Ă©ternel sans but et sans patrie. Tous deux ne poursuivent-ils pas une mĂȘme quĂȘte de l'IdĂ©al ? Et comme le bohĂ©mien, le poĂšte voit plus loin, il est, lui aussi, prophĂšte, nĂ© par un dĂ©cret des puissances suprĂȘmes voir dans les Fleurs du mal le poĂšme BĂ©nĂ©diction. Et rappelons-nous l'appel de Hugo "Peuples ! Ă©coutez le poĂšte ! Écoutez le rĂȘveur sacrĂ© ! Dans votre nuit, sans lui complĂšte, Lui seul a le front Ă©clairĂ© ! Des temps futurs perçant les ombres Lui seul distingue en leurs flancs sombres Le germe qui n’est pas Ă©clos". Victor Hugo 1802-1885 - Les Rayons et les Ombres - "Fonction du poĂšte" Et si les bohĂ©miens Ă©taient l'avenir de l'humanitĂ© ? On trouve cette note rapide dans les journaux intimes de Baudelaire Mon cƓur mis Ă  nu - XXXII "ThĂ©orie de la vraie civilisation. Elle n'est pas dans le gaz, ni dans la vapeur, ni dans les tables tournantes, elle est dans la diminution des traces du pĂ©chĂ© originel. Peuples nomades, pasteurs, chasseurs, agricoles et mĂȘme anthropophages, tous peuvent ĂȘtre supĂ©rieurs par l'Ă©nergie, par la dignitĂ© personnelles, Ă  nos races d'Occident. Celles-ci peut-ĂȘtre seront dĂ©truites". Quelques textes en lien avec l'Ɠuvre Charles Baudelaire est un des plus grands poĂštes français de l'histoire ! source L'Express Charles Baudelaire Le Spleen de Paris - XXXI - "Les vocations" "Dans un beau jardin oĂč les rayons d’un soleil automnal semblaient s’attarder Ă  plaisir, sous un ciel dĂ©jĂ  verdĂątre oĂč des nuages d’or flottaient comme des continents en voyage, quatre beaux enfants, quatre garçons, las de jouer sans doute, causaient entre eux. ... [ici, les trois premiers garçons racontent chacun Ă  tour de rĂŽle une anecdote qui annonce leur destinĂ©e.] Enfin le quatriĂšme dit Vous savez que je ne m’amuse guĂšre Ă  la maison ; on ne me mĂšne jamais au spectacle ; mon tuteur est trop avare ; Dieu ne s’occupe pas de moi et de mon ennui, et je n’ai pas une belle bonne pour me dorloter. Il m’a souvent semblĂ© que mon plaisir serait d’aller toujours droit devant moi, sans savoir oĂč, sans que personne s’en inquiĂšte, et de voir toujours des pays nouveaux. Je ne suis jamais bien nulle part, et je crois toujours que je serais mieux ailleurs que lĂ  oĂč je suis. Eh bien ! j’ai vu, Ă  la derniĂšre foire du village voisin, trois hommes qui vivent comme je voudrais vivre. Vous n’y avez pas fait attention, vous autres. Ils Ă©taient grands, presque noirs et trĂšs fiers, quoique en guenilles, avec l’air de n’avoir besoin de personne. Leurs grands yeux sombres sont devenus tout Ă  fait brillants pendant qu’ils faisaient de la musique ; une musique si surprenante qu’elle donne envie tantĂŽt de danser, tantĂŽt de pleurer, ou de faire les deux Ă  la fois, et qu’on deviendrait comme fou si on les Ă©coutait trop longtemps. L’un, en traĂźnant son archet sur son violon, semblait raconter un chagrin, et l’autre, en faisant sautiller son petit marteau sur les cordes d’un petit piano suspendu Ă  son cou par une courroie, avait l’air de se moquer de la plainte de son voisin, tandis que le troisiĂšme choquait, de temps Ă  autre, ses cymbales avec une violence extraordinaire. Ils Ă©taient si contents d’eux-mĂȘmes, qu’ils ont continuĂ© Ă  jouer leur musique de sauvages, mĂȘme aprĂšs que la foule s’est dispersĂ©e. Enfin ils ont ramassĂ© leurs sous, ont chargĂ© leur bagage sur leur dos, et sont partis. Moi, voulant savoir oĂč ils demeuraient, je les ai suivis de loin, jusqu’au bord de la forĂȘt, oĂč j’ai compris seulement alors qu’ils ne demeuraient nulle part. Alors l’un a dit Faut-il dĂ©ployer la tente ? » – Ma foi ! non ! a rĂ©pondu l’autre, il fait une si belle nuit ! » Le troisiĂšme disait en comptant la recette Ces gens-lĂ  ne sentent pas la musique, et leurs femmes dansent comme des ours. Heureusement, avant un mois nous serons en Autriche, oĂč nous trouverons un peuple plus aimable. » – Nous ferions peut-ĂȘtre mieux d’aller vers l’Espagne, car voici la saison qui s’avance ; fuyons avant les pluies et ne mouillons que notre gosier », a dit un des deux autres. J’ai tout retenu, comme vous voyez. Ensuite ils ont bu chacun une tasse d’eau-de-vie et se sont endormis, le front tournĂ© vers les Ă©toiles. J’avais eu d’abord envie de les prier de m’emmener avec eux et de m’apprendre Ă  jouer de leurs instruments ; mais je n’ai pas osĂ©, sans doute parce qu’il est toujours trĂšs difficile de se dĂ©cider Ă  n’importe quoi, et aussi parce que j’avais peur d’ĂȘtre rattrapĂ© avant d’ĂȘtre hors de France. » L’air peu intĂ©ressĂ© des trois autres camarades me donna Ă  penser que ce petit Ă©tait dĂ©jĂ  un incompris. Je le regardais attentivement ; il y avait dans son oeil et dans son front ce je ne sais quoi de prĂ©cocement fatal qui Ă©loigne gĂ©nĂ©ralement la sympathie, et qui, je ne sais pourquoi, excitait la mienne, au point que j’eus un instant l’idĂ©e bizarre que je pouvais avoir un frĂšre Ă  moi-mĂȘme inconnu". Charles Baudelaire Le Spleen de Paris - I - "L'Ă©tranger" "Qui aimes-tu le mieux, homme Ă©nigmatique, dis ? ton pĂšre, ta mĂšre, ta soeur ou ton frĂšre ? – Je n’ai ni pĂšre, ni mĂšre, ni soeur, ni frĂšre. – Tes amis ? – Vous vous servez lĂ  d’une parole dont le sens m’est restĂ© jusqu’à ce jour inconnu. – Ta patrie ? – J’ignore sous quelle latitude elle est situĂ©e. – La beautĂ© ? – Je l’aimerais volontiers, dĂ©esse et immortelle. – L’or ? – Je le hais comme vous haĂŻssez Dieu. – Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire Ă©tranger ? – J’aime les nuages
 les nuages qui passent
 lĂ -bas
 lĂ -bas
 les merveilleux nuages !" Charles Baudelaire - La fin de Don Juan scĂ©nario d'une piĂšce jamais Ă©crite publiĂ© par EugĂšne CrĂ©pet dans les ƒuvres posthumes en 1887 "VoilĂ  des Zingaris et des voleurs d'Ăąnes traquĂ©s par des hommes de police. Ils sont certes dans un grave danger ; cependant je parierais presque qu'ils ont des Ă©lĂ©ments de bonheur que je ne connais pas. Au fait je voudrais nous en assurer. Le lieu est dĂ©sert, si nous donnions un coup de main Ă  ces braves gens, et nous rossions la police, nous pourrions les connaĂźtre. Cette race bizarre a pour moi le charme de l'inconnu". Miguel de CervantĂšs 1547-1616 La Jitanilla La petite gitane, consultable sur le site de la BibliothĂšque nationale Victor Hugo 1802-1885 Notre-Dame de Paris pour le personnage d'EsmĂ©ralda. Guillaume Apollinaire 1880-1918 Saltimbanques extrait de Alcools. Prosper MĂ©rimĂ©e 1803-1870 Carmen, et surtout Lettres d'Espagne. HergĂ© 1907-1983 Les bijoux de la Castafiore pour le campement de Gitans dans le parc du chĂąteau de Moulinsart. Pour terminer, voici un tableau rĂ©capitulatif des Ɠuvres de Baudelaire DateTitre L'Art Romantique1852 Les Fleurs du Mal1857 Les Paradis Artificiels1860 La Chevelure1861 CuriositĂ©s EsthĂ©tiques1868 Le Spleen de Paris1869 posthume Pour lire d'autres poĂšmes de Baudelaire, consultez nos autres articles ! [Edimbourg] Je suis comme le roi d'un pays pluvieuxNo matter what we breed, we still are made of greed Lazarus O'DohertyWatch this madness burning out the way Sous-espĂšce Walker Berger MalinoisCapacitĂ© particuliĂšre //Sur l'Ăźle depuis Quelques mois dĂ©but 2021Situation maritale un mariage jamais vraiment terminĂ© et une douce blonde en train de lui voler son coeurJob aucun encore, le temps de se remettre de ses Ă©motionsQG RĂ©apparu en Ecosse, il erre Ă  Edimbourg depuis que la brume l'a recrachĂ©Alignement neutre, il veut juste la paix pour lui et les siensCopyright //Messages 13Date d'inscription 01/05/2021Sujet [Edimbourg] Je suis comme le roi d'un pays pluvieux ★ Mer 26 Mai - 1132 Une destinĂ©e un peu funĂšbre quand t'as personne sur qui compter; caresser les tĂ©nĂšbres c'est peut-ĂȘtre apprendre Ă  les dompterthe song & the song & the songft Esther McGuinnessLook, mom, a doggo » La mĂšre de famille tourna la tĂȘte, jappa comme une bĂȘte frappĂ©e, et attrappant sa progĂ©niture, partit dans l’autre sens Ă  grandes enjambĂ©es. Et lui resta lĂ , sac Ă  puce Ă©chouĂ© sur le pavĂ©, grands yeux tristes contemplant un monde qui pour une moitiĂ©, le craignait, et pour l’autre, l’évitait comme la pauvre bĂȘte qu’il fallait reconnaĂźtre qu’il semblait tout droit sorti de l’enfer, tout en nerfs et en muscles, sec et osseux, ses cĂŽtes dansant sous le pelage sale Ă  chaque pas. Depuis combien de temps la brume l’avait-elle recrachĂ©, sale et Ă©tourdi, comme si mĂȘme elle s’était trouvĂ©e incapable de le digĂ©rer ? Lui-mĂȘme n’aurait su le dire. Il ne savait mĂȘme plus qui il Ă©tait, ni mĂȘme ce qu’il Ă©tait. Il sommeillait sous l’instinct, quelque chose de plus profond, de plus complexe, mais son ĂȘtre tout entier avait Ă©tĂ© si profondĂ©ment blessĂ© dans sa chair et dans son Ăąme que tout avait Ă©tĂ© enfoui profondĂ©ment au point qu’il ne subsistait plus que cet irascible instinct de survie. Le reste de l’histoire n’avait Ă©tĂ© qu’errance et violence. Animale ou humaine. Survivre Ă©tait un combat de tous les jours dont il portait les traces sanglantes Ă  mĂȘme la peau, couvrant des plus anciennes qui peinaient Ă  se refermer. Il Ă©tait devenu un de ces chiens de rues, grand Malinois de charbon et de colĂšre, la babine levĂ©e en avertissement il restait derriĂšre cette survie de violence et de souffrance quelque chose de doux, qui mourrait un peu plus Ă  chaque coup de pied, mais refusait de crever totalement. Alors cette nuit-lĂ , quand rassemblĂ© en une boule frissonnante il vit la carrure menaçante d’un homme hanter les pas d’une innocente, il se rĂ©veilla en lui cette Ă©tincelle mourante. Redressant sa carcasse douloureuse, il se glissa entre les ombres, complĂ©tant cette Ă©trange cohorte d’une proie, son prĂ©dateur, et le prĂ©dateur de celui-ci. Au tournant mal Ă©clairĂ© de la rue, la bĂȘte humaine choisit son moment. Mais il n’eut que le temps d’attraper le bras de la frĂȘle blonde sur laquelle il lorgnait d’un Ɠil torve. Trois foulĂ©es longues, et le Berger bondit dans une dĂ©tente presque surnaturelle ; les crocs s’enfoncĂšrent dans le bras du monstre comme un couteau dans du beurre, le poids de l’attaque l’arrachant Ă  sa prise sur la jeune femme tandis que le chien le tractait en arriĂšre. Il vit le couteau trop tard. AveuglĂ© de douleur, l’homme ne fit qu’une longue estafilade sanglante de plus dans le pelage charbonnĂ©, mais de surprise le chien lĂącha sa prise dans un jappement de douleur. L’autre recula, l’avant-bras lacĂ©rĂ©, profĂ©rant une flopĂ©e d’insultes, mais devant les crocs retroussĂ©s dĂ©goulinant de son sang frais, choisit la voie la plus sage et dĂ©tala sans demander son reste. Le Berger se retourna vers l’humaine derriĂšre lui. Les flancs battant de l’effort qui en avait demandĂ© trop Ă  un organisme Ă  bout, les babines rouges de sang de la morsure dont il avait encore le goĂ»t sur la langue, il devait ĂȘtre une vision encore plus improbable qu’à l’origine. Semblant satisfait qu’elle allait bien, il s’ébroua et sans une considĂ©ration de plus, repartit dans la direction opposĂ©e Ă  pas lents. ​CODAGE PAR AMIANTE Esther McGuinnessWatch this madness burning out the way CapacitĂ© particuliĂšre L'art de survivreSur l'Ăźle depuis Juillet 2020Situation maritale CĂ©libataireJob InfirmiĂšreCommunautĂ© Sans communautĂ© Ă  l'heure actuelleQG Edimbourg, Nord d'AlbionAlignement NeutreCopyright / Tumblr / BazzartDCs Riley O'Doherty ★ Alec Gudrunarson ★ Lyov Van Wesel ★ Elizabeth Donovan ★ Zebadiah H. Dockery ★ Nyx Somerset ★ Archibald Eros » RossiMessages 17Date d'inscription 27/03/2021Sujet Re [Edimbourg] Je suis comme le roi d'un pays pluvieux ★ Mer 26 Mai - 1308 Le teint blafard abĂźmĂ© par la vie, habitĂ© par le doute, J'avance plein phares dans la nuit pour te trouver sur ma routethe songLe pas saccadĂ©, elle referme Ă©troitement son manteau sur sa carcasse fine, les mains enfoncĂ©es dans ses poches, frissonnante malgrĂ© le soleil ayant Ă©clairĂ© sa journĂ©e. Mars est lĂ . Le soir aussi. L’humiditĂ© reste accrochĂ©e dans l’air, le vent frais balayant son visage et la laissant frigorifiĂ©e. Son petit mĂštre soixante-trois rehaussĂ© par des petits talons claquant sur la route, les pavĂ©s, les trottoirs mal Ă©clairĂ©s, elle n'a qu'une hĂąte rentrer. EpuisĂ©e par de nombreux aller-retours bien qu’elle ne se plaigne jamais ouvertement, elle aspire Ă  se mettre sous sa couette, priant pour ne pas Ă  avoir attendre un autre lendemain comme la veille – priant pour Ă©chapper aux cauchemars, comme toujours. Prise dans ses pensĂ©es – prise dans sa peine, elle n’entend pas les pas qui la suivent, elle ne sent pas le regard torve de ces loups affamĂ©s qu’elle soigne pourtant tous les jours dans l’hĂŽpital de fortune que les gens d’Albion sont venus Ă  reconstruire. Non. Parce que son regard s’arrĂȘte sur autre chose. Sur un Ă©difice qui la hante. La CathĂ©drale Saint-Gilles. Ou du moins, ce qu’il en Ă©tait arrivĂ©e sur l’üle il y avait plusieurs mois maintenant. L’étĂ© frappait tout juste, elle se souvenait des vagues qui s’accrochaient aux cailloux et aux rochers. Elle ne savait pas comment elle avait atterrit lĂ , les pieds dans le sable, la brume reculant derriĂšre elle, la laissant esseulĂ©e prĂšs de Dundee, le soleil miroitant sur le clapotis des vagues calmes. L’esprit tout aussi embrumĂ© que les alentours, elle s’était par la suite rĂ©veillĂ©e dans un lit qui n’était pas le sien, dans une petite maison de pĂȘcheur. La famille qui l’avait recueillit lui avait aimablement expliquĂ© la situation et l’avait aidĂ©e de leur mieux, lui prodiguant un abri durant les premiers mois, avant qu’elle ne se dĂ©cide Ă  faire partie de la sociĂ©tĂ© Ă  son tour. C’est sur les conseils de ses sauveurs qu’elle Ă©tait partie Ă  Edimbourg Ă  la recherche d’un emploi. Ce qui l’avait frappĂ©e en premier n’avait pas Ă©tĂ© de voir des gens aussi perdu qu’elle. Non. Cela avait Ă©tĂ© 
 Le calme. Le calme et ce bĂątiment, Ă  moitiĂ© ravagĂ©. Sans comprendre, elle avait senti dans son coeur une fracture se faire Ă  la vue de ces vitraux brisĂ©s, elle avait voulu se jeter sur les pierres et implorer pardon, hurler sa peine en silence, sa main serrant la petite croix en argent se balançant au bout de la chaĂźne entourant son cou qu'elle avait gardĂ©. Et depuis, le sentiment Ă©tait restĂ©. La sensation intolĂ©rable revenait Ă  chaque fois qu’elle voyait un de ces gosses des rues misĂ©rables, la gueule fracassĂ©e, et c’est certainement pour cela qu’elle s’était proposĂ©e pour devenir infirmiĂšre. Panser les coeurs. Les cicatrices. Ramener un peu d’espoir. Un sourire. D’autant plus qu’il lui semblait avoir des connaissances qu’elle ne ne souvenait plus possĂ©der et, miraculeusement, le temps avait fait plus ou moins le geste, elle remet une des mĂšches de ses cheveux blonds Ă©chappĂ©es de son chignon lĂąche qui vient lui manger le visage, reprenant son chemin. Bien que la cathĂ©drale la fascine, elle l’effraie toujours tout autant, surtout la nuit. Elle n’a jusque lĂ  jamais eu de problĂšme mais 
 Elle ne sait pas. Elle a vĂ©cu la violence. Elle la vit tous les jours, quand les nouveaux arrivants explosent de colĂšre et d’incomprĂ©hension. Quand des crĂ©atures arrivent, certaines mutilĂ©es ; quand elle croise leurs yeux qui la toise avec mĂ©fiance. En elle, quelque chose meurt, Ă  chaque seconde. Et pourtant 
 Pourtant, quelque chose se bat, encore. Resserrant Ă  nouveau son petit manteau, elle passe son chemin, tournant au coin de la rue pour arriver dans la sienne, pleine de couleurs dĂ©sormais dĂ©lavĂ©es pour la majoritĂ© – Victoria Street. Elle avance, un pas aprĂšs l’autre, jusqu’à ce que finalement un frisson de peur ne la fasse crier – parcourant son Ă©chine Ă  la vitesse de la lumiĂšre, elle se sent tirĂ©e en arriĂšre, son bras emprisonnĂ© dans un Ă©tau et son palpitant reprend un rythme affolĂ©. La suite, elle ne le comprend pas trĂšs bien. Le retour Ă  la rĂ©alitĂ© est brutal, violent, elle n’a que le temps de se retourner, trĂ©buchant Ă  moitiĂ©, quand elle entend le hurlement de douleur de l’homme qui est soudain pris d’assaut par une crĂ©ature de l’enfer. Elle sent la pression de son bras faiblir ; disparaĂźtre – elle aurait pu rĂȘver si la douleur et la marque rouge n’étaient pas prĂ©sentes. Si le sang n’avait pas giclĂ©. Si, une fraction de minutes et quelques jurons plus tard, elle n’avait pas vu dans la rĂ©verbĂ©ration la lame briller. NON ! » Elle hurle, le souffle au bout du coeur, mais cela ne sert Ă  rien. Tout se passe trop vite, elle est encore sous le choc, elle n’a pas le temps de faire quelque chose – comme balancer son petit sac dans la tronche du type. Type qui finit par prendre ses jambes Ă  son cou. Et son regard bleu encore effrayĂ© se perd sur le seul autre vivant de la sinistre piĂšce – le chien. Car il s’agit d’un chien, pas d’un monstre. Chien qui vient de certainement lui sauver la vie. Chien qui la fixe Ă  prĂ©sent, alors qu’elle tremble, serrant son sac contre elle, reprenant son souffle alors que des deux, elle est celle qui va bien. Attends ! » Un cri, Ă  nouveau. Sa voix sort finalement avec plus de force qu’elle n’avait prĂ©vu, la faisant sursauter. Attends. Esther se mord la lĂšvre, ses yeux vissĂ©s sur le chien qui, traĂźnant, la quitte pour repartir dans l’ombre. Attends. Mais attendre quoi au juste ? Esther, lentement, inspire. Tente un pas. Un second. Essaie de le suivre. Attends. Parce que, comme elle, il tremble. Parce qu’enfin son cerveau se rĂ©oxygĂšne et qu’elle remarque son Ă©tat – parce qu’enfin elle prend conscience de ces marques qui gouttent sur le sol, faisant reluire le parvis de sang – celui de l’homme autant que celui du chien. Attends. Comme si le chien pouvait comprendre. Stupide. Attends-moi 
 » reprend t-elle, pourtant, d'une voix plus douce. Vibrante. Elle n’est pas rationnelle. Qu’importe. N’importe qui d’autre serait reparti en courant. Elle, elle peine Ă  avancer. Il pourrait la mordre. Il pourrait l’attaquer. N’est-il pas tout droit sorti de la nuit, sa gueule pleine de sang ? Il pourrait la tuer, s’il le voulait. S’il l’avait voulu. Pourquoi alors ? S’il te plaĂźt 
 Doggy ? ... Je ... » Esther reprend son souffle, alors que sa vue se brouille. Le contrecoup du choc, sĂ»rement ; voilĂ  que des larmes ravagent sa vision peu Ă  peu, larmes qu’elle tente de refouler, de virer Ă  coup de gestes frustrĂ©s. Parce qu’elle n’a rien vu venir. Ni le type. Ni le chien. Le chien qui s’en va 
 Elle ne peut pas le laisser partir. Pas comme ça. Pas dans son Ă©tat. Reste, s’il te plaĂźt. Je 
 J’ai des biscuits ! » Elle lance comme ça, inspirant Ă  nouveau sans quitter l’animal des yeux, sans plus pouvoir avancer – parce que ses jambes ne la supportent plus, tout simplement - et ce n’est pas Ă  cause du froid. Elle a conscience qu’elle est certainement pitoyable. Cela pourrait la faire rire. Les gens du coin vont se dire qu’elle est devenue folle, Ă  parler ainsi Ă  la nuit, les yeux embuĂ©s, ses cheveux dans tous les sens, mais 
 Mais qu’importe. Esther s’accroupit, son manteau s’ouvre un peu. Elle frissonne Ă  cause de l’air glacĂ© mais ses mains tremblantes s’activent pour attraper son sac et chercher ses sucreries. Elle en a toujours sur elle, au cas oĂč. Cela fait sourire les gosses. Par miracle, elle parvient Ă  les dĂ©nicher et, toujours avec ces gestes maladroits et tremblants, elle les sort du paquet avant de les tendre. Les tendre. Pas les lancer. Les tendre 
 PitiĂ© faites qu’il ne soit pas parti. Tu ... Dois avoir faim, pas vrai ? » LĂ , quelque part, au-delĂ  de la brume et des ombres, son cerveau tourne Ă  toute vitesse. Une question logique reste, tourne au boucle, pourtant sans cesse rejetĂ©e. Esther, qu’est-ce que tu fais ?CODAGE PAR AMIANTE_________________Esther murmure en de104d Lazarus O'DohertyWatch this madness burning out the way Sous-espĂšce Walker Berger MalinoisCapacitĂ© particuliĂšre //Sur l'Ăźle depuis Quelques mois dĂ©but 2021Situation maritale un mariage jamais vraiment terminĂ© et une douce blonde en train de lui voler son coeurJob aucun encore, le temps de se remettre de ses Ă©motionsQG RĂ©apparu en Ecosse, il erre Ă  Edimbourg depuis que la brume l'a recrachĂ©Alignement neutre, il veut juste la paix pour lui et les siensCopyright //Messages 13Date d'inscription 01/05/2021Sujet Re [Edimbourg] Je suis comme le roi d'un pays pluvieux ★ Mer 7 Juil - 035 Une destinĂ©e un peu funĂšbre quand t'as personne sur qui compter; caresser les tĂ©nĂšbres c'est peut-ĂȘtre apprendre Ă  les dompterthe song & the song & the songft Esther McGuinnessIl la fixe, grands yeux sombres qui reflĂštent la lumiĂšre pĂąle de cette nuit trop sombre, comme deux miroirs qui rappellent que cette carcasse sur pattes est encore hantĂ©e. Sa langue rose passe sur ses babines, lapant le sang qui coagule dĂ©jĂ  sur l’email pĂąle. Il n’est pas Ă©tranger au goĂ»t vaguement mĂ©tallique qui lui reste sur les papilles. S’ébrouant dans un couinement Ă©touffĂ© quand l’estafilade s’étire sous le mouvement, il tourne les talons et reprend en clopinant son chemin dans la pĂ©nombre. Un cri dans son dos le fait s’immobiliser. Il tourne la tĂȘte, interloquĂ© par cette petit chose humaine qui s’agite dans tous les sens et bredouille des mots que ce qui lui reste d’humain comprend inconsciemment. Il s’est retournĂ© et est revenu sur ses pas, Ă©mergeant du brouillard tel une crĂ©ature de lĂ©gende. Il fait un pas dans sa direction, la bĂȘte qui un instant plus tĂŽt dĂ©chiquetait l’avant-bras d’un colosse devenue soudain hĂ©sitante, la tĂȘte basse. Une partie de son instinct lui hurle de repartir dans l’autre sens; il a tellement acquis le rĂ©flexe que la main humaine n’apporte que de la violence qu’il ne sait comment rĂ©agir Ă  la douceur. Mais quand elle dĂ©gaine les friandises et que leur fumet vient lui caresser la truffe, son estomac se tord faim est devenue une compagne de tous les jours. Elle le tenace nuit et jour, sans rĂ©pit, ne s’apaisant jamais des maigres restes qu’il chaparde, parfois au fruit de combats qui le laissent plus balafrĂ©s que repu. Un geste soudain plus brusque de l’humaine, un mot prononcĂ© avec plus de vigueur, et la bĂȘte s’aplatĂźt au sol dans un gĂ©missement, rĂ©pondant Ă  un code si profondĂ©ment ancrĂ© que mĂȘme sa psychĂ© fracassĂ©e est encore capable de le saisir. Son attention toute entiĂšre tournĂ©e vers les gestes de la jeune femme, la bĂȘte n’est pas Ă  l’aise, mais la main qui tend le biscuit est si tentante. Il hĂ©site, se relĂšve Ă  demi, se raplatit au sol dans un gĂ©missement, torturĂ© entre son instinct terrifiĂ© et sa famine douloureuse. La main soudain s’approche trop, et un grognement lui monte des cordes vocales, aussitĂŽt suivie d’un couinement. Il lĂšve vers l’humaine des grands yeux inquiets, trahissant comme seul peut le faire le regard d’un chien tout le conflit intĂ©rieur qui le tenaille. Finalement, rassemblant enfin tout le courage de la noble race qui est la sienne, il avance ventre Ă  terre jusque’à la main, attrape le biscuit d’un grand coup de langue sur la paume familiĂšre, et dĂ©tale ventre Ă  terre, son butin dans les crocs. Le brouillas l’absorbe une nouvelle fois, le soustrayant Ă  ce regard clair pareil Ă  aucun autre. Il a perdu l’habitude de la bienveillance humaine, et ne plus comment y rĂ©agir. Le biscuit est Ă  l’image de celle qui lui a fait cette offrande magnifique. Doux, sucrĂ©, chaleureux. Comme une caresse dans un monde qui n’a Ă©tĂ© jusqu’ici que violence. Il sent la maison, et rĂ©veille l’écho lointain de quelque chose qu’il a oubliĂ©. Son larcin consommĂ©, il hĂ©site un instant, Ă  l’abri de la nuit. Puis, mĂ» par un inexplicable instinct, il Ă©merge de nouveau, s’asseyant par terre Ă  deux bons mĂštres de la jeune femme, langue pendante. Et penche lĂ©gĂšrement la tĂȘte en l’observant. Et juste comme ça, le prĂ©dateur rachitique de l’instant d’avant devient le toutou Ă©garĂ© depuis trop longtemps; son regard doux mais perplexe fixĂ© sur la blonde, attendant qu’elle fasse le prochain pas dans cette Ă©trange danse qu’ils s’apprĂȘtent Ă  mener. CODAGE PAR AMIANTE Esther McGuinnessWatch this madness burning out the way CapacitĂ© particuliĂšre L'art de survivreSur l'Ăźle depuis Juillet 2020Situation maritale CĂ©libataireJob InfirmiĂšreCommunautĂ© Sans communautĂ© Ă  l'heure actuelleQG Edimbourg, Nord d'AlbionAlignement NeutreCopyright / Tumblr / BazzartDCs Riley O'Doherty ★ Alec Gudrunarson ★ Lyov Van Wesel ★ Elizabeth Donovan ★ Zebadiah H. Dockery ★ Nyx Somerset ★ Archibald Eros » RossiMessages 17Date d'inscription 27/03/2021Sujet Re [Edimbourg] Je suis comme le roi d'un pays pluvieux ★ Dim 11 Juil - 1647 Le teint blafard abĂźmĂ© par la vie, habitĂ© par le doute, J'avance plein phares dans la nuit pour te trouver sur ma routethe song ⚝ Lazarus O'DohertyLa question tourne, sans trouver rĂ©ponse ; figĂ©e dans sa tĂȘte, figĂ©e dans son corps. Tendue, elle-mĂȘme est Ă©bahie par sa propre tĂ©mĂ©ritĂ© - par cette folie qui la prend soudain toute entiĂšre, lui arrachant les commandes de chaque verbe Ă©mis, dĂ©cidant de chaque espoir non prononcĂ©. Reste. S’il te plaĂźt. Ne me laisse pas seule. Pas par sa peur, tremblante encore de choc, elle peine Ă  garder sa main bien Ă  plat en Ă©vidence. Les mĂšches de ses cheveux blonds fous collĂ©s devant ses yeux ne cachent cependant pas la peine qui traverse ses iris, et elle en vient Ă  espĂ©rer que la nuit empĂȘchera le chien de voir son Ă©tat pitoyable. Parce qu’elle a tout d’un chaton Ă  demi noyĂ© de froid qui peine Ă  se remettre d’un Ă©tat de terreur qui n’a pourtant durĂ© que quelques minutes Ă  que la lune sera clĂ©mente avec elle, oui. Mais cela n’empĂȘchera pas le cabot de sentir les phĂ©romones que son corps dĂ©gage. Qu’elle le veuille ou pas, elle ne pourra pas lui mentir. Comme si elle savait, de toute façon. Elle n’en a pas encore conscience, mais elle ne le pourra jamais. Stupide inspire, pourtant. Doucement. Et chaque respiration est douloureuse Ă  souhait, car elle sent chaque cĂŽte vibrer Ă  chaque souffle Ă©mis. Vraiment. Qu’es-tu en train de faire ? Qui crois-tu impressionner ? Comme s’il allait rester. Comme s’il allait comprendre. Ce n’est qu’un chien. Un chien errant. SĂ»rement dangereux. Tu as vu comme il a bondit ? Comme ses dents ont dĂ©chirĂ© les chairs ? Laisse-le partir, Esther. Laisse-le rentrer dans les ombres, son endroit familier. Tu as vu son Ă©tat ? Tu as vu le tien ? Tu ne peux rien pour lui. Pars. Rentre-chez toi. Tout ça, c’est ce qu’elle se dit. Ce qui traverse son esprit malade, aveuglĂ©, inconscient. Esther serre les dents pourtant. Elle serre les dents, en silence, et elle attend. Elle attend qu’un nouveau miracle se produise, lĂšvres pincĂ©es, yeux rivĂ©s sur ce corps amaigri qui dĂ©chire son cƓur plus que tout ce qu’elle a pu traverser. Non. Non, je refuse de le laisser. Parce qu’il a besoin de moi. Elle ne sait pas mentir aux autres, c’est certain. Pourtant, elle sait trĂšs bien se mentir Ă  elle-mĂȘme. De ça aussi, elle en a conscience. Et ça l’irrite. Parce que tu es Ă©goĂŻste, Esther. Avoue-le. Il n’a pas besoin de toi. C’est toi qui a besoin de Elle a besoin de lui. Aujourd’hui plus que jamais. Et peut-ĂȘtre est-ce pour cela que le second miracle se produit, finalement. Parce que le chien s’est arrĂȘtĂ©. Mieux. Le chien s’est retournĂ© vers elle et a repris sa route, pour la retrouver. La rencontrer. Se figer, Ă  quelques mĂštres douloureux. La fixer, alerte et grogner soudain, parce que sous la surprise elle a eu un geste tremblant, maladroit, brutal. Un sursaut d’ñme. Elle s’est mordue les lĂšvres presque au sang en se traitant d’abrutie et s’est arrĂȘtĂ©e de respirer ensuite. EspĂ©rant. Le sang battant dans ses tempes l’empĂȘchant de penser. Sa vision s’est troublĂ©e un peu plus de larmes qu’elle a peinĂ© Ă  contenir, parce qu’aprĂšs un temps Ă  tergiverser et un moment douloureux Ă  lutter, il est finalement venu chiper le biscuit avec cette dĂ©licatesse qui a broyĂ© ce qui restait de peur en elle pour la remplacer parce quelque chose de plus dĂ©testable encore. De la haine. Car voir le chien dans un tel Ă©tat l’a rendue malade et elle s’est surprise Ă  subitement ressentir une nouvelle force germer en elle. Cette Ă©motion familiĂšre car dĂ©jĂ  connue en son coeur, elle l’offre Ă  prĂ©sent ceux qui s’en sont pris Ă  cette pauvre crĂ©ature. Parce que si ce chien est un tueur, il n’a certainement pas dĂ©cidĂ© de l’ĂȘtre par plaisir au dĂ©part. Pas quand elle repasse en boucle ce moment de lutte, ce combat contre lui-mĂȘme, de la mĂȘme maniĂšre qu’elle lutte contre elle-mĂȘme Ă  l’heure prĂ©sent, la voilĂ  qu’elle pleure. Comme un voleur, le chien est reparti, et Esther ne peut plus qu’offrir un couinement Ă©touffĂ©, les larmes dĂ©valant ses joues tandis qu’elle s’effondre pour de bon, sa main humide de bave dĂ©sormais serrĂ©e sur sa cuisse. Elle reste lĂ , un moment. Une minute. Peut-ĂȘtre plus. VoilĂ . Tu es contente ? Tu as fais ce que tu as pu, et voilĂ  le rĂ©sultat. Maintenant, reprends-toi. Rentre. .Elle s’en veut, Esther. Elle s’en veut de ses propres silences, de cette incapacitĂ© constante Ă  ĂȘtre elle-mĂȘme trop coincĂ©e et trop fragile, livrĂ©e Ă  elle-mĂȘme dans ces moments de dĂ©tresse. Elle inspire pourtant. Renifle. Fixe la paume de sa main avec un regard insondable et, de sa main valide couverte d’un mĂ©lange de terre, de gravier de sang qui ne lui appartient pas, sĂšche ses larmes avec la force qui lui reste. Le froid la fait frissonner encore, et c’est ce qui la pousse Ă  relever le nez. Mais tu le sais, au fond de toi, pas vrai ? Que les miracles existent. Parce que ce chien est Ă  l’image de tes idoles aurĂ©olĂ©s que tu as perdu dans l’autre monde. Un protecteur fĂ©roce, apparu comme par magie, qui ne te fera pas es un bon chien, n'est-ce pas ? » croasse-t-elle quand son regard croise le sien Ă  nouveau, subjuguĂ©e, tandis qu’un poids quitte sa poitrine malmenĂ©e. Elle respire avec difficultĂ©, Esther. FĂ©brile et gelĂ©e, elle reste pourtant quelques secondes de plus par terre, le temps que sa gorge accepte de nouveau les goulĂ©es d’air qu’elle force. Le temps que son palpitant se calme. Que ses Ă©motions s'apaisent. Parce qu'il est revenu. Il est revenu et, enfin, le voilĂ  Ă  ressembler Ă  la beautĂ© qu’il est censĂ© ĂȘtre un chien, certainement affectueux, qui la fixe comme dans ces tableaux amusants ou futur maĂźtre et futur chien se toisent avant d’échanger en un accord silencieux le plus beau des sacrements. Oui ... Tu es un gentil chien et pas ... Tu n'es pas un monstre, je le sais. ... S'il te plait, ne ... Ne sois pas effrayĂ©. Je ... Je ne te ferais pas de mal. » Elle reprend, d’une voix un peu plus forte, un peu plus affirmĂ©e, mais toujours aussi Ă©trangement douce, avant de se figer. Parce que quelque chose sonne faux. Comment peut-elle, elle, une Ă©trangĂšre, lui promettre pareille chose ? Il ne la croira es folle, Eshter. Mais peut-ĂȘtre est-ce justement pour ça qu’il est encore lĂ  et, Ă©trangement, c’est un petit, tout petit sourire qui Ă©merge sur ses lĂšvres. Et c’est avec toute la lenteur qu’elle peut qu’elle attrape de nouveau son sac pour chercher tous les autres biscuits qu’elle possĂšde, la trace de ses larmes sĂ©chant dĂ©sormais sur ses joues ... J'en ai quelques autres mais 
 Ca ne va pas te nourrir correctement, tu sais ? 
 Je ... J'ai quelque chose de mieux ... Ă  la maison. ... Si tu veux. » Elle reprend, relevant les yeux vers lui, avant d’inspirer Ă  fond. Dans son cerveau, une nouvelle lumiĂšre se fait, qui Ă©crase sa partie critique complĂštement. Elle sait ce qu’elle va faire. Mais cela implique qu’il faut qu’elle se lĂšve. Alors, lentement, elle pose un nouveau biscuit devant elle 
 Puis c’est ce qu’elle fait. Doucement. Son corps se dĂ©plie, se redresse. Ses genoux sont Ă©corchĂ©s, mais elle n’en a que faire. Elle grimace simplement, ses jambes tremblent encore mais dĂ» au froid et sa position inconfortable. La peur qui reste, c’est celle qu’il disparaisse encore. Esther relĂšve le nez pour fixer le biscuit, puis le chien. Viens avec moi. », murmure-t-elle, avant de faire un pas en arriĂšre. Puis un autre. Lentement. Sans se dĂ©tourner de lui. Continuer de reculer, jusqu’à ce que, Ă  une distance raisonnable, elle lĂąche un nouveau biscuit devant ses pieds et s’arrĂȘte, le fixant, son coeur se remettant Ă  battre, son souffle s' te plait, doggy ... Laisse-moi t'offrir une PAR AMIANTE_________________Esther murmure en de104d Contenu sponsorisĂ©Watch this madness burning out the waySujet Re [Edimbourg] Je suis comme le roi d'un pays pluvieux ★ Page 1 sur 1Permission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forum Description Voyagez en lisant le poĂšme "Spleen Je suis comme le roi d'un pays pluvieux" Ă©crit par Charles BAUDELAIRE 1821-1867. "Spleen Je suis comme le roi d'un pays pluvieux" de BAUDELAIRE est un poĂšme classique extrait de Les fleurs du mal. Vous avez besoin de ce poĂšme pour vos cours ou alors pour votre propre plaisir ? Alors dĂ©couvrez-le sur cette page. Le tĂ©lĂ©chargement de ce poĂšme est gratuit et vous pourrez aussi l’imprimer. GrĂące Ă  ce document PDF sur le poĂšme de BAUDELAIRE, vous pourrez faire une analyse dĂ©taillĂ©e ou bien tout simplement profiter de trĂšs beau vers de "Spleen Je suis comme le roi d'un pays pluvieux". Sujets Informations PubliĂ© par Nombre de lectures 0 Licence En savoir +PaternitĂ©, pas d'utilisation commerciale Langue Français Extrait Je suis comme le roi d'un pays pluvieux,Riche, mais impuissant, jeune et pourtant trĂšs vieux,Qui, de ses prĂ©cepteurs mĂ©prisant les courbettes,S'ennuie avec ses chiens comme avec d'autres ne peut l'Ă©gayer, ni gibier, ni faucon,Ni son peuple mourant en face du bouffon favori la grotesque balladeNe distrait plus le front de ce cruel malade ;Son lit fleurdelisĂ© se transforme en tombeau,Et les dames d'atour, pour qui tout prince est beau,Ne savent plus trouver d'impudique toilettePour tirer un souris de ce jeune savant qui lui fait de l'or n'a jamais puDe son ĂȘtre extirper l'Ă©lĂ©ment corrompu,Et dans ces bains de sang qui des Romains nous viennent,Et dont sur leurs vieux jours les puissants se souviennent,Il n'a su rĂ©chauffer ce cadavre hĂ©bĂ©tĂ©OĂč coule au lieu de sang l'eau verte du LĂ©thĂ©.

je suis comme le roi d un pays pluvieux